Maurice Blanchot : biographie
Penseur, théoricien du "livre à venir", mallarméen convaincu, Maurice Blanchot (1907-2003), au travers d'une œuvre sans concession, aura sans cesse questionné l'acte d'écrire, sa portée, mais aussi son origine. Né en 1907, Maurice Blanchot fréquente très tôt l'Action Française de Charles Maurras, et, dès 1931, collabore à divers journaux et revues d'extrême droite.
Premiers pas
Entré à Combat en 1936, il attaque Léon Blum. Alors que la guerre éclate, il publie en 1940 Thomas l'obscur avec la bienveillance de Jean Paulhan. Vichyste durant la guerre, il sera pourtant le défenseur d'Emmanuel Levinas et de sa fille. Comme beaucoup d'autres intellectuels, il lui faudra une vie pour extirper un passé voilé par l'extrémisme, mais vaillamment combattu. Aminadab, son deuxième roman paraît en 1942. La guerre terminée, reniant son passé extrémiste, Maurice Blanchot deviendra, par son absence de la scène littéraire, son refus du "paraître", un membre influent et mythique de l'intelligentsia parisienne.
Sa carrière
Collaborateur des temps modernes ou de critique, prestigieuses revues littéraires, Maurice Blanchot publie son ultime roman en 1948, Le Très-haut, après avoir donné son chef-d'œuvre romanesque, Thomas l'obscur (1941). Après quoi, poursuivant un perpétuel questionnement de la littérature, il ne produira plus que de brefs récits (Le Dernier homme, 1957) ainsi que nombre de recueils critiques, dont Faux pas paru en 1943, prémices du Livre à venir (1959). Car désormais, une seule question taraude son œuvre : pourquoi écrit-on ? Quelle fatalité entraîne un individu à se muer en écrivain ? Comment la littérature est-elle possible ? (1942) Sans cesse Blanchot se posera la question de savoir "Où va la littérature ? (L'Entretien infini.)
Son action
Dans l'histoire littéraire française, Maurice Blanchot restera certainement comme l'un de ses principaux penseurs. Théoricien de la littérature, analyste de l'œuvre des autres, dont celle de Mallarmé (Le Livre à venir, 1959) ou de Kafka (De Kafka à Kafka, 1981), exégète intransigeant de Michaux dont il sera l'un des rares proches et tout aussi "transparent" que lui, refusant les apparitions publiques, revendiquant un hermétisme sans lequel il n'est de vraie littérature, Blanchot aura construit une œuvre singulière, exigeante, indépendante des modes et des courants, centrée sur la seule question qui, à ses yeux, vaut la peine d'être posée : "Qu'est-ce que la littérature ?" L'Espace littéraire (1955), Le Livre à venir (1959), L'Entretien infini (1969), L'Écriture du désastre (1980), sont autant de questionnements de l'acte d'écrire. Une seule réponse à ce perpétuel questionnement : la littérature implique un silence qui lui est propre, silence que Maurice Blanchot, tout au long de sa vie, aura su respecter.